• D'après JP Ravoux

      

      

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    Jean-Philippe Ravoux, auteur de " Donner un sens à l'existence ou pourquoi Le Petit Prince est le plus grand traité de métaphysique du XXème siècle"  propose dans son livre un rapprochement entre la structure du Petit Prince et celle du Discours de la Méthode de Descartes, deux oeuvres qui sont liées par un même point de fuite : le doute.


    Il faut comprendre ici le doute non pas comme un simple jeu de l’esprit, mais plutôt comme un regard neuf, dépouillé de certitude, comme celui de l’enfant qui découvre quelque chose pour la première fois.   Mais ce regard serait, en même temps, un regard mature, doté «d’un jugement formé et d’une raison maîtrisée (…) avec la volonté, non pas d’entendre les raisons des autres, mais de s’ingénier, par soi-même, à découvrir les vraies raisons des choses.»

    Le doute, tel qu’entendu dans le sens cartésien, est présent tout au long du Petit Prince, notamment dans le cheminement spirituel de l’aviateur qui, au contact du petit prince, quitte peu à peu l’esprit obtus des grandes personnes pour approcher peu à peu de «l’essentiel qui est invisible pour les yeux.»

    Ce n’est pas par hasard si l’aviateur retrouve la vérité du regard de l’enfance dans le désert, lieu de solitude et d’introspection qui symbolise ici le nécessaire isolement demandé pour une véritable réflexion.  

     Il faut sortir hors de soi, hors de tout, pour regarder autrement et pour «accéder à un langage capable de dire la vérité des choses plutôt que de répéter des croyances et des certitudes illusoires.»
     
    Ces croyances et ces certitudes illusoires sont incarnées par les personnages que rencontrent le petit prince lors de son voyage vers la Terre. Ces personnages représentent tout ce qui empêche l’homme d’avoir ce regard neuf et ingénu sur le monde :
     

    «Au lieu de ruminer obscurément les élucubrations de notre esprit hantées par nos souvenirs et emportées par nos désirs, il faut vouloir briser la carapace qui nous sépare du monde et des hommes (…) les adultes ignorent ce qui importent réellement au profit des illusions de leur désir, leur ignorance et leur aveuglement viennent de ce qu’ils regardent le monde avec des idées préconçues, des préjugés et des théories et non une intelligence éclairée par l’attention de l’amour.»
     
    Les illusions et les obsessions sont multiples :
    l’aveuglement du pouvoir pour le pouvoir (le roi) quand on ne se soucie de l’autre que par intérêt,
    l’égocentrisme (le vaniteux) où rien n’existe en dehors de soi,
    la passion excessive (le buveur),
    la fascination de l’argent comme une fin en soi (le businessman),
    la fidélité à soi-même et le risque de l’habitude (l’allumeur de réverbère)
    l’intellectualisation à outrance au détriment de l’expérience (le géographe).  

    Une leçon que donne Le Petit Prince selon Ravoux, c’est que l’épanouissement de l’homme passe par une sublimation des passions par la raison ou, pour être plus clair, par le contrôle de soi.  
     
    Pour l’auteur, Le Petit Prince est une «allégorie où l’on discerne la volonté de faire comprendre aux enfants qu’ils peuvent atteindre la vraie dignité de l’homme s’ils savent continuer à regarder les choses avec la simplicité de leur coeur» , mais c’est aussi «un livre pour les grandes personnes qui ont oublié qu’elles ont d’abord été des enfants.»

    Par un retour à l’esprit d’enfance, les adultes sont invités à un engagement dans une existence partagée avec les autres, pleine d’authenticité et d’amour, sans porter attention aux apparences et en prenant le temps d’aller à la rencontre de son prochain.
     
    « (…) un conte qui veut nous faire comprendre que si le monde est affreusement noir en dessus – le monde des adultes qui ont oublié leur enfance et demeurent aveuglés par les apparences et les représentations illusoires – il est miraculeusement pur en dessous si l’amour nous fait voir les relations essentielles.»
     
    Un autre thème abordé par Jean-Philippe Ravoux est celui de l’incommunicabilité des consciences, surtout entre la conscience de l’enfant et celle de l’adulte. 

    Ce problème est illustré dès le premier chapitre du Petit Prince lorsque l’aviateur enfant tente de montrer ses dessins aux adultes qui ne distingue pas d’éléphant mangé par un boa, mais plutôt un chapeau.  Par un esprit trop logique (d’une raison dénuée d’amour) enfermé dans le diktat des apparences, l’adulte ne comprend plus l’esprit poétique et émerveillé de l’enfant. 

    Pour Ravoux (et Saint-Exupéry), le problème de l’incommunicabilité des consciences ne peut se régler que par l’apprivoisement, tel que démontré dans Le Petit Prince. Entendons ici apprivoisement par «une disponibilité qui nous permet d’aller à la rencontre des autres, au-delà des préjugés et des apparences, une ouverture d’esprit qui a besoin de temps pour recevoir et comprendre.»

      L’idée d’aller à la rencontre de l’autre est très importante puisque «le sens des choses dépend de l’attention que l’on porte aux autres et du dialogue qui est bien au-delà du vent des paroles.»   

    Ainsi, on pourrait dire que Le Petit Prince invite à  l’altruisme, à l’empathie et au désir de l’amitié, qualités qui font naître les vraies richesses, celles que l’on ne peut voir qu’avec le coeur.
     

     

     

     


     


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