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    Un homme un peu simple d'esprit cherchait à attraper son ombre. Mais, lorsqu'il avançait d'un pas, elle avançait aussi. S'il courait, elle courait. Et, lorsqu'il se retournait, il la voyait qui le poursuivait.

    A la poursuite de son ombre


    Cette scène cocasse se déroulait sur la Grand-Place d'un village. Et toutes les personnes assemblées riaient de le voir faire.


    Mais un homme sage qui passait leur donna la leçon suivante :


    - Si vous riez de ce simple d'esprit, riez aussi de vous-mêmes, car vous êtes pareils à lui. Sans cesse vous poursuivez des ombres qui s'enfuient : honneurs, richesses, beauté, pouvoirs... Jamais vous n'avez le cœur en paix !


    Les rires cessèrent et l'homme sage passa son chemin.

     

     

    Ivan Andreievitch Krylov

     

     


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    Je suis ?

      

    Lors d'un combat acharné et épuisant contre Darius, Alexandre le Grand prit un bain glacé qui lui fit perdre connaissance.

     Au terme d'une nuit, il reprit ses sens, mais demeura extrêmement faible et dut rester alité. Ses médecins, craignant de le perdre, ne savaient plus que faire.

    Un ami d'enfance, Philippe, était médecin, mais proche de son ennemi Darius. Celui-ci lui avait demandé d'attenter aux jours d'Alexandre.

    Un officier prévenu de cette malversation, mit en garde Alexandre et lui adressa un courrier en urgence. Il était en train de lire ce pli, lorsque Philippe apporta un breuvage puissant censé le remettre sur pied.


    Alexandre tendit la lettre à Philippe et but d'un trait la potion. La nuit passa dans l'anxiété des uns et des autres.


    Le matin venu, Alexandre était guéri.




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    But de l'expérience

     

    Il était une fois un modeste paysan de la vieille Russie. Il était veuf et n'avait qu'un fils.

    Un jour, son cheval disparut. Tous ses voisins le plaignirent, en disant qu'une bien triste chose était arrivée.

    - "Peut-être que oui, peut-être que non", répondit-il.

    Trois jours plus tard, son cheval revint accompagné de trois chevaux sauvages. Les voisins l'envièrent et lui affirmèrent :

    - "Quelle chance tu as !".

     A quoi il répondit : "Peut-être que oui, peut-être que non".

    Son fils tenta de monter l'un des chevaux sauvages, tomba et se cassa une jambe. Les voisins dirent :

    - "Quelle guigne !"

    - "Peut-être que oui, peut-être que non", répondit une nouvelle fois le paysan.

    Trois jours plus tard, les huissiers du tsar vinrent chercher tous les jeunes hommes valides pour les enrôler dans l'armée, et le fils du paysan ne fut pas enrôlé.

    - "Quelle chance tu as !" déclarèrent les voisins au vieux paysan.

      

    Nous ne voyons qu'un tout petit bout de notre réalité. Qui sait à quoi peuvent être utiles les expériences que nous vivons !

     

    Sagesse de LAO-TSEU


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  • C'est Génial

     

     

    Un roi africain avait un ami d'enfance qui était très proche de lui.

    Cet ami avait une habitude curieuse : quel que soit l'évènement qui lui arrivait dans la vie, positif ou négatif, il disait "C'est génial !"

    Un jour le roi et son ami partirent à la chasse. Son ami prépara les fusils pour le roi. Mais il fit sans doute une bétise, car un des fusils explosa dans les mains du roi et le priva de son pouce.

    Au moment où cet accident arriva, l'ami dit, comme d'habitude : "C'est génial !".

     A cela le roi, qui était vraiment en colère, lui dit :

    "Non, ce n'est pas génial du tout" et en donna la preuve à son ami en le jetant en prison.

     

     Un an plus tard, le roi chassait hors de son royaume et des cannibales le capturèrent et le firent prisonnier dans leur village. Ils l'attachèrent à un tronc, mirent du bois autour de lui, et s'apprêtèrent à le faire griller vif pour le manger. Mais, au moment où ils allaient mettre le feu, ils s'aperçurent qu'il lui manquait un pouce. Une de leurs croyances étant qu'en le mangeant ils leur arriverait la même chose, ils détachèrent le roi et le laissèrent partir.

     Sur le chemin du retour, exténué, choqué, il se souvint des circonstances dans lesquelles il avait perdu son pouce.

    A peine arrivé, il se fit conduire à la prison pour parler avec son ami.

    "Tu avais raison, mon ami, dit-il, c'était génial que je perde mon pouce."

     Et il raconta ce qui lui était arrivé à son ami.

    "Je te supplie de me pardonner de t'avoir laissé croupir en prison si longtemps. C'était mal de ma part de t'avoir fait cela."

     Son ami lui répondit : "Mais non, c'était génial au contraire !"

    "Qu'est-ce que tu veux dire ? Comment le fait de te jeter en prison, toi, mon ami, pourrait-il être génial ?"

     "Si je n'avais pas été en prison j'aurais été avec toi. Et ils m'auraient mangé."

      


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    Lors d'une session de tir à l'arc dirigée par maître Satoshi Sagino, un élève lui demande :


    - Que faut-il faire, et que je ne fais pas, pour que la flèche atteigne la cible ?


    Le maître éclate de rire et dit :


    - Pourquoi posez-vous la question à l'envers ?


    L'élève ne comprend pas et le maître dit :


    - C'est une fausse question. La vraie question est : qu'est-ce qui empêche la flèche de percer le centre de la cible ?


    Et dans un nouvel éclat de rire, il ajoute :


    - Parce que percer le centre de la cible est la vocation de chaque flèche !


    L'élève repose alors la question à l'endroit :


    - Qu'est-ce qui empêche que la flèche atteigne le centre de la cible ?


    Et maître Sagino répond :


    - Deux choses :

    le désir de réussir à tout prix, ou au contraire la crainte d'échouer. Les empêchements viennent des préoccupations du moi.

    Comment s'en libérer ? En se consacrant pleinement au tir, sans pensées, sans but, sans désir, sans fierté, sans peur. Alors le tir se fait dans la liberté de l'être.

    Mon maître, Umeji Roshi, disait : " Si vous faites une chose à fond, vous allez vous transformer de telle façon que tout ce que vous regardez, vous le verrez autrement.

    Henri Gougaud


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    Conversations avec le maître

     

     

    - Maître, qu’est-ce que triompher ?


                     - C’est d’apprendre à rater.


    - Maître, je me sens seul.


                     - C’est que tu ne sais pas être avec toi-même.


    - Maître, quand arriverai-je à la perfection ?


                     - Quand donner sera pour toi aussi important que recevoir.


    - Maître, quand pourrai-je être maître ?


                     - Quand tu apprendras à reconnaître et à exalter les valeurs de                           l’autre.

     
    - Maître, nous ne pouvons donner que ce que nous portons à l’intérieur. Ai-je raison ?


                     - Personne ne peut seulement donner ce qu’il porte à l’intérieur.                         C’est la demande de l’autre qui insémine. Le don se crée à deux.


    - Maître, cette personne veut me faire du mal. Quelle panique !


                      - Ne fais pas attention à ceux qui te veulent du mal, mais à ceux                          qui  peuvent te faire du mal.


    - Maître, si vous et moi prions avec une ferveur égale, pourquoi êtes-vous toujours heureux et moi non ?

                      Car tu pries toujours pour demander quelque chose, par contre je                    le fais uniquement pour remercier pour ce que l’on m’a donné.


    - Maître, quand serai-je fort ?

                    - Quand tu apprendras à ne pas faire du mal.

     
    - Que peux-tu m’enseigner, Maître ?


                    - Je peux seulement t’enseigner à apprendre de toi même.


    - Maître, j’ai tout ce que je veux mais ne suis pas heureux, pourquoi ?


                    - La seule possibilité qu’on a d’être heureux est de partager en                            rendant aussi les autres heureux.


    - Maître, qu’est-ce que différencie l’ingénuité de la bêtise ?


                    - L’ingénuité est ignorance avec amour.

                      La bêtise est ignorance avec agression.

      
    - Maître, j’ai peur de ne pas y pouvoir arriver.


                    - Ne te préoccupes pas d’« arriver » mais d’« avancer ».

                      Avancer c’est arriver.


    - Maître, je cherche mais je rencontre pas !


                    - Cesse de chercher et provoque les conditions adéquates pour                             recevoir.


    - Maître, chaque fois que j’essaye de méditer, j’imagine qu’un diable m’importune !


                   - Mets aussi ce diable à méditer.


    - Maître, quel est le son d’un esprit vide ?


                  - Le son de ta voix qui ne cesse pas de demander
     
    - Maître, pourquoi utilisez-vous un éventail ? L’air est partout !


                  - Tu sais seulement que l’air est partout ; mais tu ne sais pas que sans                action le vent ne peut pas être engendré !

     


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    Il était une fois une course ... de grenouilles .Course de grenouille


    L’objectif était d’arriver en haut d’une grande tour.
    Beaucoup de gens se rassemblèrent pour les voir et les soutenir.
    La course commença.


    En fait, les gens ne croyaient probablement pas possible que les grenouilles puissent atteindre la cime, et toutes les phrases que l’on entendit furent de ce genre :


    "Quelle peine !!! Elles n’y arriveront jamais !"


    Les grenouilles commencèrent à se résigner, sauf une qui continua de grimper avec fougue et enthousiasme et les gens continuaient :


    "... Quelle peine !!! Elles n’y arriveront jamais !..."


    Et les grenouilles s’avouèrent vaincues, sauf toujours la même grenouille qui continuait à insister.


    A la fin, toutes se désistèrent, sauf cette grenouille qui, seule et avec un énorme effort, atteignait le haut de la cime. Les autres voulurent savoir comment elle avait fait.


    L’une d’entre elles s’approcha pour lui demander comment elle avait fait pour terminer l’épreuve.


    Et découvrit qu’elle... était sourde !


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    Critiques

     Un jour, Bouddha mendiait sa nourriture. Il était sur le point d’atteindre un village où vivaient bon nombre de Ses fidèles. Tout le monde dans ce village Lui témoignait une grande affection.  

    Mais juste avant qu’il n’arrive à la limite du village, IL croisa des jeunes voyous qui se mirent à Le critiquer.

    Quelque peu surpris de cette réception, IL s’arrêta, s’assit sur un rocher et leur dit :

    "Et bien, messieurs, quel plaisir obtenez-vous en Me critiquant ainsi ?"

    Sans donner aucune raison, ils redoublèrent leurs critiques. Bouddha leur dit :

    "Poursuivez donc aussi longtemps qu‘il vous plaira."

    Ils critiquèrent et critiquèrent de plus belle jusqu’au moment où, fatigués de leurs propres invectives, ils décidèrent finalement de s’en aller.

    Avant qu‘ils ne s’en aillent, Bouddha leur dit :

    "Enfants ! Voici une vérité que Je souhaite que vous sachiez. Dans le village où Je me rends, les gens M’aiment beaucoup. S’ils apprenaient que vous M’avez critiqué de manière aussi vile, ils vous tailleraient en pièces. Pour vous sauver de ce danger, Je suis resté assis ici sur ce rocher et Je vous ai permis de Me critiquer. Je vous ai donc fait un grand cadeau. D’ordinaire, quand on veut donner de la joie aux gens on doit dépenser beaucoup d’argent et faire toutes sortes de préparatifs. Cependant, sans aucun effort, sans dépenser le moindre centime, Je vous ai permis de vous réjouir en Me critiquant. Puisque vous semblez retirer tant de joie des critiques que vous M’adressez, Je suis responsable de votre joie. Sans en avoir eu l’intention, J’ai pu donner satisfaction à beaucoup de gens. Vous voyez, au lieu d’être malheureux à cause de vos critiques, Je suis vraiment heureux parce que J’ai pu vous donner du bonheur. "

    Ensuite, Bouddha leur expliqua une chose très importante. Il le fit d’une manière telle que cela laissa une impression indélébile en leur coeur.

    "Supposons qu’un mendiant frappe à votre porte pour demander l’aumône et que vous lui apportez de la nourriture. Supposons aussi que cette nourriture n'est pas le genre d’aumône qu‘il attend et admettons qu’il ne l’accepte pas. Que ferez-vous ?

    Vous direz, "Si tu ne veux pas ce que je te donne, je le reprends et le garde pour moi. De même, vous m’offrez vos critiques, c’est l’aumône que vous Me faites. Vous pensez sûrement que J’ai besoin de votre avis et Me l’offrez gratuitement, mais Je ne l’accepte pas.

    Alors, à qui va-t-il ?

    Et bien, il vous est retourné, il vous reste et vous appartient. Vous voyez, vous vous êtes réellement critiqués vous-mêmes, vous ne M’avez pas critiqué du tout."

    On peut envoyer une lettre recommandée à un ami. S’il n’accepte pas cet envoi recommandé que fera l’Administration de la Poste avec la lettre. Elle la renverra à l’expéditeur.

     Si vous critiquez ou dénigrez quelqu’un et si cette personne n’accepte pas vos critiques, elles vous reviennent inévitablement.

     

    C’est une satisfaction bien mesquine de penser que vous causez des ennuis aux autres par haine et jalousie.

    Vous ne causez des ennuis à personne sinon à vous-même.

    La jalousie créera des difficultés à celui qui en est infecté et elle le fera de maintes façons.

     

     

    Sathya Sai Baba

     


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    Je suis ?

      

    Un jour, fatigué, le diable décida de prendre sa retraite. Comme sa couverture sociale n'était pas suffisante, il décida, pour arrondir ses fins de mois, de vendre sa trousse à outils.

    Tout était là : la méchanceté, l'envie, la jalousie, la haine, l'avidité, la suffisance, le mépris, le cynisme, etc. Mais l'un des outils était à part et semblait beaucoup plus usé que les autres.

    Intrigué, un passant lui demanda :

    « Qu'est-ce que cet outil, et pourquoi le vendez-vous beaucoup plus cher que les autres ? »

    Le diable répondit : « C'est le découragement ».

    Mais l'autre insista : « Pourquoi vendez-vous le découragement beaucoup plus cher ? »

    « C'est très simple. C'est l'outil le plus facile à enfoncer dans le coeur de quelqu'un. Et lorsque le découragement y a été introduit, il est beaucoup plus facile d'introduire tous les autres outils, quels qu'ils soient. »


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    Je suis ?

      

    Un vieil Indien Cherokee racontait la vie à ses petits-enfants...

     Il leur dit :

      

    " Je ressens un grand tourment. Dans mon âme se joue

     présentement une grande bataille. Deux loups se confrontent.

      

     Un des loups est méchant : il "est" la peur, la colère, l'envie, la peine,

    les regrets, l'avidité, l'arrogance, l'apitoiement, la culpabilité,

    les ressentiments, l'infériorité, le mensonge, la competition, l'orgueil.

     

    L'autre est bon : il "est" la joie, la paix, l'amour, l'espoir, le partage,

    la générosité, la vérité, la compassion, la confiance.

     

    La même bataille se joue présentement en vous,en chacun de nous, en fait."

     

    Silencieux, les enfants réfléchissaient... Puis l'un d'eux dit :

    " Grand-papa, lequel des loups va gagner " ?

     

    Le vieux Cherokee répondit simplement : " Celui que tu nourris "

      


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    Enfer et paradis

      

    Un vieux moine était assis sur le bord de la route, les yeux fermés, les jambes croisées, les mains posées sur les genoux. Il restait assis là, méditant profondément.

    Soudain il fut interrompu par la voix rauque et revendicatrice d'un samouraï.

    « Vieil homme! Dis-moi à quoi ressemblent l'enfer et le paradis! »


    Sur le coup, le moine n'eut pas la moindre réaction. Mais peu à peu, il ouvrit les yeux, releva imperceptiblement les commissures de ses lèvres, comme pour sourire, tandis que le samouraï restait planté là, impatient, de plus en plus agité.

     
    « Tu désires connaître les secrets du paradis et de l'enfer? », demanda finalement le moine. « Toi, avec ton allure négligée, avec tes mains et tes pieds couverts de boue, avec tes cheveux ébouriffés, avec ta mauvaise haleine, avec ton épée rouillée et tordue, toi qui es laid et dont la mère t'habille si drôlement, tu oses me demander de te parler du paradis et de l'enfer? »


    Le samouraï jura vilainement. Il sortit son épée et la souleva au-dessus de sa tête. Son visage devint cramoisi et les veines de son cou se gonflèrent tandis qu'il s'apprêtait à couper la tête du moine.
    « Cela c'est l'enfer », lui dit doucement le vieux moine, juste au moment ou l'épée commençait à redescendre.


    Le samouraï resta bouche bée de stupéfaction, de respect, de compassion et d'amour devant cet homme aimable qui avait risqué rien de moins que sa vie pour lui prodiguer cet enseignement.

    Il arrêta son épée à mi-chemin et ses yeux se remplirent de larmes de gratitude. "Et cela, c'est le paradis ! ", conclut le moine...

      


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    Un moine zen vivait avec son frère borgne et idiot. Un jour, alors qu'il devait s'entretenir avec un théologien fameux, venu de loin pour le rencontrer, il se trouva dans l'obligation de s'absenter. Il dit alors à son frère :
     
    « Reçois et traite bien cet érudit ! Surtout ne lui dis pas un mot et tout ira bien ! »
     
    Le moine quitta alors le monastère. Dès son retour, il alla promptement retrouver son visiteur :
     
    « Mon frère vous a-t-il bien reçu ? » s'enquit-il.
     
    Plein d'enthousiasme, le théologien s'exclama :
     
    « Votre frère est absolument remarquable. C'est un grand théologien. »
     
    Le moine surpris bégaya :
     
    « Comment ?... mon frère, un... théologien ?... 
     
    "Nous avons eu une conversation passionnante, reprit l'érudit, uniquement en nous exprimant par gestes. Je lui ai montré un doigt, il a répliqué en m'en montrant deux. Je lui ai alors répondu, comme c'est logique, en lui montrant trois doigts, et lui m'a stupéfait en arborant un poing fermé qui concluait le débat...

    Avec un doigt, je professais l'unité de Bouddha.

    De deux doigts, il élargit mon point de vue en me rappelant que Bouddha était inséparable de sa doctrine.

    Enchanté par la réplique, avec trois doigts, je lui signifiai : Bouddha et sa doctrine dans le monde.

    Il eut alors cette sublime réplique, en me montrant son poing : Bouddha, sa doctrine, le monde, tout cela fait un. La boucle était bouclée. »


    Quelques temps plus tard, le moine alla retrouver son borgne de frère :
     
    « Raconte-moi ce qui s'est passé avec le théologien !
     
    "C'est très simple, dit le frère.

    Il m'a nargué en me montrant un doigt pour me faire remarquer que je n'avais qu'un oeil.

    Ne voulant pas céder à la provocation, je lui retournai qu'il avait la chance, lui, d'en avoir deux.

    Il s'obstina, sarcastique : « De toute façon, à nous deux, cela fait trois yeux. »

    Ce fut la goutte qui fit déborder le vase. En lui montrant mon poing fermé, je le menaçai de l'étendre sur-le-champ s'il ne cessait ses insinuations malveillantes. »
     
     
     
    Cette histoire reflète parfaitement le type de conversation que nous avons entre nous.

    Nous croyons parler de la même chose et, en définitive, nous parlons de choses diamétralement différentes.

    On discute, d'une manière passionnée, croyant communiquer intimement avec l'autre mais, au bout du compte, on ne parle de rien. Chacun utilise un langage de sourd-muet. Chacun parle de lui-même.

      


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  • Un paysan avec 3 de ses ânes se rendait au marché pour vendre sa récolte.
     La ville était loin et il lui faudrait plusieurs jours pour l’atteindre.

     

    La corde invisible


     Le premier soir, il s’arrête pour bivouaquer non loin de la maison d’un vieil hermite. Au moment d’attacher son dernier âne, il s’aperçoit qu’il lui manque une corde.

    Si je n’attache pas mon âne se dit-il demain, il se sera sauvé dans la montagne ! Il monte sur son âne après avoir solidement attaché les 2 autres et prend la direction de la maison du vieil hermite.

    Arrivé, il demande au vieil homme s’il n’aurait pas une corde à lui donner.

    Le vieillard avait depuis longtemps fait voeux de pauvreté et n’avait pas la moindre corde, cependant, il s’adressa au paysan et lui dit :

    "Retourne à ton campement et comme chaque jour fait le geste de passer une corde autour du cou de ton âne et n’oublie pas de feindre de l’attacher à un arbre."

    Perdu pour perdu, le paysan fit exactement ce que lui avait conseillé le vieil homme.
     Le lendemain dès qu’il fût réveillé, le premier regard du paysan fût pour son âne. Il était toujours là ! Après avoir chargé les 3 baudets, il décide de se mettre en route, mais là, il eut beau faire, tirer sur son âne, le pousser, rien n’y fit. L’âne refusait de bouger.


     Désespéré, il retourne voir l’Hermite et lui raconte sa mésaventure.

    "As-tu pensé à enlever la corde ?" lui demanda-t-il.

    "Mais il n’y a pas de corde !" répondit le paysan.

    "Pour toi oui mais pour l’âne…"

    Le paysan retourne au campement et d’un ample mouvement, il mime le geste de retirer la corde. L’âne le suit sans aucune résistance. .
     
    Ne sommes-nous pas,nous aussi, esclave de nos habitudes, pire, esclave de nos habitudes mentales ?


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    La guerrière et la peur

     

     

    Il était une fois une jeune guerrière à qui son maître dit qu'elle devait engager le combat contre la peur.

    Elle ne voulait pas le faire. Ça lui semblait trop agressif, effrayant, hostile. Mais le maître la poussa non sans lui donner quelques instructions avant la bataille.

    Quand le jour du combat arriva, la jeune guerrière se tint d'un côté et la peur de l'autre.

    La première se sentait bien petite face à la seconde, qui avait l'air grande et courroucée. Toutes deux avaient leurs armes.

    Mais il fallut faire le premier pas.

    La jeune guerrière s'enhardit, avança vers la peur, se prosterna trois fois et lui demanda : "Puis-je avoir la permission de me mesurer à vous ?".  

    La peur, agréablement surprise, lui dit : "Merci d'avoir tant de respect pour moi. Il est rare qu'on sollicite ma permission. La plupart du temps, je m'impose sans qu'on m'y ait invité".  

    Alors la jeune guerrière lui demanda : "Comment puis-je vous vaincre?"

    La peur répliqua : "Je parle très vite et je m'approche tout près de votre visage : voilà mes armes. Généralement, vous vous troublez et vous faites tout ce que j'ordonne. Mais si vous ne faites pas ce que je vous dis, je n'ai aucun pouvoir.   Vous pouvez m'écouter, avoir du respect pour moi et même être convaincue de l'influence que j'ai sur vous, mais si vous ne m'obéissez pas, je suis totalement désemparée".

    C'est ainsi que la jeune guerrière apprit à vaincre la peur : en l'accueillant, sans pour autant lui laisser le dernier mot.

     


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  • La méditation

     

    Une histoire touchant le Bouddha raconte qu'il donna un jour son enseignement à un célèbre joueur de cithare qui voulait étudier la méditation.

     

     Le musicien demanda : "Dois-je contrôler mon esprit, ou le laisser aller complètement?"

     

     Bouddha répondit : "Puisque tu es un bon musicien, dis-moi donc comment tu accordes ton  instrument;"

     

     Le musicien dit :" Les cordes sont ni tendues, ni trop lâches."

     

     "Il en est de même de ta pratique de la méditation, dit le Bouddha, tu ne dois rien imposer de force à  ton esprit, ni le laisser vagabonder.

    C'est l'enseignement qui consiste à laisser l'esprit être  ouvertement, à sentir le flux d'énergie sans chercher à le dominer et sans cesser de le contrôler, à   s'harmoniser avec la structure énergétique de l'esprit.

    C'est la pratique de la méditation."

     


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     La part du colibri

     

    Un immense incendie ravage la jungle.


    Affolés, les animaux fuient en tous sens. Seul un colibri, sans relâche,

    fait l’aller-retour de la rivière au brasier,  une minuscule goutte d’eau dans

    son bec,  pour l’y déposer sur le feu.


    Un toucan à l’énorme bec l’interpelle :


    “tu es fou, colibri, tu vois bien que cela ne sert à rien”.


    “Oui, je sais” réponds le colibri, “mais je fais ma part”…

      


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  • Il était une fois une petite étoile tombée du ciel, égarée en plein champ sur la planète terre. Comment ne pas être repérée quand on scintille de la sorte !

    Survient une femme, toute occupée à ramasser des branches mortes pour chauffer sa maison. La femme doucement s'approche, de ses mains délicates elle écarte la terre qui écrase la malheureuse étoile. Peu à peu celle-ci revit, elle brille bientôt de tous ses feux.

     


    "Oh, se dit la femme, je vais l'emporter dans ma maison, elle éclairera mon mari quand il reviendra du travail. "


    Abandonnant ses branches mortes, dans ses deux mains ouvertes, rapprochées en forme de coupe, la femme recueille la petite étoile, et toute joyeuse regagne sa maison.

    Arrivée chez elle, sur un socle près de la porte, elle dépose sa précieuse découverte.

    De retour le soir, le mari est étonné par la vive clarté qui l'accueille en franchissant la porte.


    "Qu'est-ce que cette chose brillante" demande l'homme ? La femme raconte.

     
    "Elle nous est précieuse cette étoile, dit l'homme. Gardons-la pour nous."


    "Non, dit la femme, mettons-la dehors, elle éclairera tous ceux qui passeront près de notre maison".

      

    Plus l'homme disait "gardons-la pour nous", plus la clarté de l'étoile diminuait.
    Plus la femme disait "mettons-la dehors", plus l'étoile brillait.


    L'homme prépara une place sur le rebord de la fenêtre et y déposa le brillant trésor.


    Depuis ce jour, la petite étoile n'a pas quitté sa fenêtre et sa clarté est de plus en plus vive.

      

    Tagore

      

      


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  •  Il y a fort longtemps, en Arménie, un roi possédait un rosier qu'il faisait choyer comme le plus précieux de ses enfants. Car on prétendait que si sur ses maigres branches une rose fleurissait, elle donnerait l'immortalité au maître du jardin.

    Dès qu'arrivait le printemps, le roi venait chaque matin dans le jardin. Il examinait le rosier attentivement, cherchant désespérément le bourgeon qui le rendrait immortel. Et comme il n'en trouvait pas la moindre trace, il se fâchait contre son jardinier, qu'il finissait par chasser.

    Les années passaient et les plus grands experts s'étaient relayés sans succès au chevet du rosier, lorsqu'arriva un tout jeune homme.

    – Seigneur, dit-il au roi, j'aime les roses par-dessus tout, je souhaite tenter ma chance.

    Le roi s'apprêtait à le congédier, mais devant l'assurance et la détermination du jeune homme, il lui ouvrit les portes du jardin.

    À compter de ce jour, le garçon ne vécut plus que pour son rosier. Il bêchait tendrement la terre autour de son pied. Il l'arrosait goutte à goutte. Il demeurait près de lui nuit et jour. Il le protégeait du vent et, aux premières gelées, il l'habillait de paille. Il n'avait d'yeux et de souffle que pour lui.

    Dans sa folie d'amour, il finit même par lui parler :

    – Rosier, où as-tu mal ?

    À peine eut-il prononcé ces mots qu'un ver noir et luisant sortit des racines. Il allait le saisir, mais une hirondelle qui passait le happa et l'emporta. Alors un bourgeon vint sur le rosier. Et au petit matin, quand le jeune homme le caressa, une rose s'ouvrit.

    Fou de joie, le garçon courut annoncer au roi la nouvelle :

    – Me voilà immortel, me voilà immortel ! s'écria le monarque.

    Il couvrit son jardinier de cadeaux et lui confia à tout jamais les soins de la rose.

    Dix années passèrent et, un soir d'hiver, le vieux roi rendit son dernier souffle :

    – Finalement, se dit-il, tout cela n'était que légende.

    Le maître du jardin meurt, comme tout le monde.

    – Non, lui murmura le jardinier agenouillé près de lui. Le maître du jardin, ce ne fut jamais vous, mais celui qui a veillé et veille encore.  

    Il ferma les paupières du roi et sortit, souriant, sous les étoiles. Il avait le temps, désormais, tout son temps !

      

    Michel Piquemal

      


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  •  Le mille-pattes

     

    Un mille-pattes vivait tranquille, insouciant et heureux, lorsqu'un jour, un crapaud, qui habitait dans les parages, lui posa une question bien embarrassante  :


    - Lorsque tu marches, lui demanda-t-il, dans quel ordre bouges-tu tes pattes ?


    Le mille-pattes fut si troublé par la question du crapaud qu'il rentra aussitôt dans son trou pour y réfléchir. Mais il avait beau se creuser la cervelle, il ne parvenait pas à trouver de réponse.

    À force de questionnements, il finit par ne plus être capable de mettre ses pattes en mouvement. Il resta bloqué dans son trou, où il mourut de faim.


    Histoire de la Chine ancienne

     

     

     

    Michel Piquemal : « Dans certaines situations, il est nécessaire de s'interroger,

    mais dans d'autres, il est bon d'agir de manière naturelle, instinctive. Ce que

    nous enseigne ce conte, c'est que trop s'interroger sur nous-mêmes risque de

    nous étouffer et de nous empêcher définitivement d'agir. Mais n'avons-nous

    pas tous cette tendance à nous regarder de l'intérieur qu'on appelle

    l'introspection ? »

     


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  •  

    Le petit poisson

    Un étudiant zen s'avança vers le maître et lui dit :


     « L'éclat du Bouddha illumine l'univers entier.


     - Taïro, cette phrase n'est pas de toi, tu ne penses pas, tu ne parles pas, tu récites !


     - Maître, protesta l'étudiant, je me nourris des textes sacrés, je lis sans repos ni trêve les grands auteurs du passé, jamais ne cesse ma quête. Je cherche la Vérité du Bouddha...


     - Taïro, dit le maître en souriant, tu ressembles à un petit poisson qui demande partout où est la mer...


     - Que voulez-vous dire, Maître ?


     - Taïro, tu es né dans la mer, tu vis dans la mer, tu finiras dans la mer.
     Ne cherche plus... Tu es la mer ! »

     


    Henri brunel


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  • Je suis ?

      

     L’histoire raconte la légende d'une femme pauvre tenant son garçonnet dans les bras, et qui, passant devant une caverne entendit une voix mystérieuse qui venait de l'intérieur et lui dit :

    « Entre et prends tout ce que tu désires, mais n'oublie pas le principal. Souviens-toi d’une chose : Après que tu sois sortie, une porte se fermera à tout jamais. Cependant, profite de l'opportunité, mais n'oublie pas le principal. »

     La femme entra dans la caverne et trouva beaucoup richesses. Fascinée par l'or et les bijoux, elle déposa l’enfant à terre et commença à amasser fébrilement tout ce quelle pouvait dans son tablier.

    Elle pensait à tout ce qu'elle allait pouvoir faire avec ces trésors. La voix mystérieuse lui dit : 

    « Les huit minutes sont presque terminées n'oublie pas le principal »

      En entendant cela, la femme chargée d'or et de pierres précieuses, courut hors de la caverne et la porte se ferma derrière elle. Elle admirait ses richesses, et se rappela, alors, seulement, que le garçonnet était resté à l’intérieur … mais la porte était fermée à tout jamais !

     


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  •  

     

    Il était une fois… dans une clairière ensoleillée, une petite chenille qui voulait être un papillon. Malheureuse de sa condition, elle alla à la rencontre de tous les êtres des environs pour les interroger.   

    Le rêve de la chenille  « Bonjour madame la pierre ! Que dois-je faire pour être un papillon ? » demanda t-elle.

    « Je ne sais pas, je suis une pierre ! » répondis la pierre. « Mais j’ai le pouvoir d’accueillir ta peine », répondit elle encore. Alors, la chenille pleura.

     Soulagée mais encore soucieuse, elle invoqua la pluie.

    « Bonjour, madame la Pluie ! Que dois-je faire pour être un papillon ? » demanda t-elle.

    « Je ne sais pas, je suis la Pluie !  Mais je peux te laver et te rafraîchir ». Alors, la chenille se roula sous les gouttes qui tombaient d’une averse bienfaisante, puis se sécha au soleil.

    « Dis moi, Soleil, toi qui sait faire tant de bien, que dois-je faire pour être un papillon ? » 

    « Je ne sais pas, je suis le Soleil, et ma qualité est de donner de la lumière et de la chaleur ! ».

    Le vent qui passait par là, lui souffla qu’il était bien trop pressé par tout le travail qu’il avait à accomplir, et que toute façon, il n’avait pas de solutions mais qu’il porterait la nouvelle partout où il passerait.

    Déçue, elle rencontra en chemin un criquet, puis une fourmi et encore un ver de terre, une mésange, une chouette, un hibou, un cochon, une vache, un cheval, un paysan, une lavandière. Personne ne savait ce qu’elle devait faire, car aucun d’eux n’était une chenille.

    Alors, las et affamée par tant de quête, elle se mit à dévorer chaque pousse, chaque feuille et toute verdure autour d’elle. Elle mangea et mangea encore. Enfin, complètement repue par ce gargantuesque repas, elle s’endormie et plongea dans un rêve sans fin. Un rêve heureux car plein de promesses et de transformations. Un rêve si fort qu’au moment de son réveil, elle se senti pousser des ailes… et à sa première inspiration, elle s’envola !

    Le rêve de la chenilleC’est pour cela que les papillons sont toujours heureux, parce qu’ils vivent le rêve de leur propre nature ! Et il en va ainsi pour tous les êtres de la terre, la terre elle-même, le soleil et chaque chose de l’univers. Alors, remercions les papillons de nous le rappeler !

    Serge Striff

     

     


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  • Je suis ?

     

     

    Un beau jour, il y a bien longtemps, à l’heure la plus chaude de la journée, celle où la lande se tait sous le poids de la chaleur, le silence fut rompu par les pleurs d’une jeune fille. A bout de forces, elle s’arrêta à l’ombre d’un vieil arbre. Après un long moment, ses sanglots s’étant calmés, épuisée par son chagrin, elle s’adressa au vieil arbre comme dans un songe.

     - Pourquoi es-tu toujours aussi serein vieil arbre ? Il semble que tu ne connaisses point le malheur.

     Alors, à sa très grande surprise, le vieil arbre prit une grande inspiration et, d’une voix calme et posée, il lui répondit :

    - Si je m’étais désespéré de ne pouvoir bouger, en pensant que la terre est plus riche sur l’autre versant de la colline ;

     si j’avais pesté contre le temps, en pensant que l’air était plus vivifiant le jour d’avant ou en espérant qu’il soit plus agréable le jour d’après ;

     si j’avais regretté la branche que j’ai perdue en pensant qu’elle m’était indispensable ;

     si je m’étais rongé en pensant que jamais je ne serai à nouveau le jeune arbre vigoureux que j’ai été ;

     si je m’étais rendu malade parce que l’arbre d’à côté me fait de l’ombre ;

     si je m’étais angoissé enfin, chaque jour en pensant que demain, peut-être, une tempête me terrasserait ;

     alors, sans doute, ne serais-je plus là pour te répondre aujourd’hui.

     Alors, voyons, qu’est-ce qui peut bien t’empêcher d’être heureuse, lui demanda le vieil arbre ?

     La jeune fille réfléchit un long moment puis ses yeux s’éclairant de cette petite flamme qui jaillit quand on vient de comprendre quelque chose de très important, elle répondit :

     - Moi ! Il n’y a que moi qui puisse m’empêcher d’être heureuse !

     Puis s’abandonnant à cette pensée, elle s’endormit à l’ombre du vieil arbre, d’un profond sommeil réparateur. Lorsqu’elle se réveilla, son regard était comme le premier regard sur le monde. La jeune fille remercia l’arbre de tout son cœur. Elle alla au ruisseau remplir un seau d’eau, le versa au pied de l’arbre et s’en alla, pleine de joie. On dit encore d’elle dans le pays qu’elle fut très heureuse. Il paraît qu’elle regardait le monde avec un regard neuf à chaque instant.

     

    Jérome Marcoux

     


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    Les trois tamis

      

    Un jour, un homme vint trouver le philosophe Socrate et lui dit :

     

    - Écoute, Socrate, il faut que je te raconte comment ton ami s'est conduit.

    - Je t'arrête tout de suite, répondit Socrate. As tu songé à passer ce que tu as à me dire au travers des trois tamis ?

    Et comme l'homme le regardait d'un air perplexe, il ajouta :

    - Oui, avant de parler, il faut toujours passer ce qu'on a à dire au travers des trois tamis. Voyons un peu ! Le premier tamis est celui de la vérité. As-tu vérifié que ce que tu as à me dire est parfaitement exact ? 

    - Non, je l'ai entendu raconter et...

    - Bien ! Mais je suppose que tu l'as au moins fait passer au travers du second tamis, qui est celui de la bonté. Ce que tu désires me raconter, est-ce au moins quelque chose de bon ?

    L'homme hésita, puis répondit :

    - Non ce n'est malheureusement pas quelque chose de bon, au contraire...

    - Hum ! dit le philosophe. Voyons tout de même le troisième tamis. Est-il utile de me raconter ce que tu as envie de me dire ?

    - Utile ? Pas exactement... 

    - Alors, n'en parlons plus ! dit Socrate. Si ce que tu as à me dire n'est ni vrai, ni bon, ni utile, je préfère l'ignorer. Et je te conseille même de l'oublier...

      


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  •  

     

    Par une froide journée d'hiver, des porcs-épics se serraient les uns contre les autres afin de se tenir chaud.

    Mais très vite, à force de se serrer, ils ressentirent la brûlure de leurs piquants et durent s'écarter.

    Quand ils eurent trop froid, leur instinct les poussa à se rapprocher encore... Porcs-epic

    Mais de nouveau, ils ressentirent la brûlure de leurs piquants. Ils renouvelèrent ce manège plusieurs fois jusqu'à ce qu'ils trouvent enfin leur juste distance.

     

    Arthur Schopenhauer

      

      

      

    Michel Piquemal : « L’homme est un animal social. Il a besoin des autres.

    Mais cette nécessaire proximité a son revers. Elle peut devenir pesante.

    Même en famille, même dans un couple … A nous de trouver la juste distance.

    A nous d’accepter que l’autre ait aussi ses propres amis et ses jardins secrets. »


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  •                                                            

     

    Un voyageur rencontra un vieillard de quatre-vingt-dix ans, veuf et solitaire, qui plantait dans son jardin des graines de pommier. Il se moqua de lui :

     

     « Pourquoi plantes-tu ces arbres alors que tu vas mourir avant qu’ils soient grands ? »

     Le vieux répondit :

     

    « Quand je suis venu au monde, j’ai mangé les pommes que d’autres avaient planté de nombreuses années auparavant ; aujourd’hui, je paye ma dette ! »…

     

    Quand tu rencontres un être dont les actions te paraissent incompréhensibles, ne ris pas, examine.

     


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  •  

    Je suis ?

      

    C’est l’histoire d’un Samouraï, guerrier farouche, qui pêchait le long d’une rivière.
    Il attrape un poisson, s’apprête à le faire cuire, lorsqu’un chat tapi sous un buisson bondit et lui vole sa prise. Furieux, le Samouraï sort son sabre, rejoint le chat et le coupe en deux.
    Ce guerrier était un bouddhiste fervent et le remords d’avoir tué un être vivant l’accabla. Et l’obséda.


    En rentrant chez lui, le bruit du vent dans les arbres chantait MIAOU.
    Le bruit de ses pas sur le sol résonnait MIAOU.
    Les gens qu’il croisait sur son chemin semblaient lui faire MIAOU.
    Les paroles que lui adressait sa femme étaient autant de MIAOU.
    Le regard de ses enfants reflétait des MIAOU.
    Ses amis également miaulaient sans cesse à son approche.
    En tous lieux, en toutes circonstances, c’étaient des MIAOU lancinants.
    La nuit il ne rêvait que de MIAOU.
    Le jour, chaque son, chaque pensée, chaque acte de sa vie, se transformait en MIAOU.
    Lui-même était MIAOU.
    Et cet état ne faisait qu’empirer, son obsession le poursuivant, le torturant sans trêve et sans relâche.
    Ne pouvant venir à bout de tous ces MIAOU, il se rendit dans un temple pour demander le conseil du vieux Maître Zen qui y résidait.


    - S’il vous plaît, s’il vous plaît, délivrez moi... aidez moi ....supplia-t-il.

     
    Et le Maître Zen lui répondit :

    - Vous êtes un guerrier, comment avez-vous pu tomber si bas ? Si vous ne pouvez vaincre par vous même tous ces MIAOU vous ne méritez que la mort. Vous n’avez pas d’autre solution que de vous faire Hara-Kiri.
    Ici et maintenant.


    Et il ajouta :


    - Cependant je suis moine et j’ai pitié de vous. Dès que vous aurez commencé à vous ouvrir le ventre, je vous trancherai la tête avec mon sabre pour abréger vos souffrances.

    Le Samouraï acquiesça, et malgré sa peur de la mort, se prépara pour la cérémonie. Lorsque tout fut en place, le Samouraï s’assit sur ses genoux, prit son poignard à deux mains, et l’orienta vers son ventre. Derrière lui, debout, le Maître brandissait son sabre...

    - C’est le moment lui dit il. Commencez !

    Lentement le Samouraï posa la pointe du couteau sur son abdomen. Et à cet instant le Maître reprit la parole :

    - Vos MIAOU, les entendez-vous toujours ?

    - Oh là là, pas maintenant. Vraiment pas maintenant.

    - Alors, s’il n’y a plus de MIAOU, pas nécessaire de mourir.

     

    Nous sommes en réalité tous semblables à ce Samouraï. Anxieux et tourmentés durant notre vie, nous sommes effrayés par la moindre chose, peureux et craintifs à tout propos. Pourtant tous les problèmes qui nous accablent n’ont pas en fait l’importance que nous leur accordons. Il sont pareils aux MIAOU de l’histoire.


    Face à la mort, qu’est ce qui est vraiment important ?

      


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    Sans lutte

     

    Explique moi ton mystère, comment as tu pu traverser deux fois ce fleuve là, alors que mes braves, en luttant de toutes leurs forces ont disparu ? :

     

    - Oh, rien de plus simple, je me suis laissé porté par les courants. Jamais, je ne pourrai les commander, mais je peux leur obéir. Si je respecte leurs forces, c'est moi qui les utilise. Quand ils m'aspirent vers le fond, j'accepte, et quand ils me poussent à la surface, je les remercie.

     

    Celui qui veut vaincre par la force et lutter contre les lois de la nature ne peut que s'épuiser et prépare ainsi sa perte. Mais celui qui respecte l'adversaire et se fond en lui est plus fort que le plus Vaillant des guerriers. Il ne compte plus sur ses forces et fait confiance au cours naturel des choses.

     

    Qui croit pouvoir lutter contre l'inconnu qui est en lui ?

    Qui croit pouvoir être plus fort que les dragons de son inconscient se prépare sa perte. Pour les chevaucher, il faut accepter et remercier.

     

     

    Jean Dominique Larmet

      


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    Tarte aux citronsTarte aux citrons

      

    C'était deux frères aux destinées incomparables. l'un était pâtissier, l'autre magicien. Ils vivaient dans un modeste village à l’abri des paillettes et des tapis rouge. Le premier se contentait de peu, le deuxième était rongé par l'insatisfaction.

     Mécontent, il quitta son village pour devenir le magicien le plus reconnu du pays. Après mille et une craintes, privations et sacrifices, il réalisa enfin son rêve.

     Hélas ! Cela ne put suffire à combler la vacuité de son âme.

     Il partit alors séduire sa future âme sœur dans les soirées branchées de la capitale. Le voici marié à une déesse parmi les femmes.

     Malgré toutes ces réjouissances, le bonheur n'était toujours pas au rendez-vous.

     Le couple céleste déménagea alors dans un splendide manoir et mit au monde sept merveilles qui furent éduqués dans des conditions royales.

     Pauvre magicien... Il avait beau gravir les sommets les plus élevés de l'humanité, il ne pouvait échapper à cette sournoise insatiabilité.

     

     Désespéré, il revint aux sources et reprit contact avec son frère bienheureux. En guise de retrouvailles, ce dernier avait préparé une tarte aux citrons qu'ils partagèrent au café du village. Après quelques discussions stériles, ils en vinrent à l'essentiel :

     

    « Mon tendre frère, j'ai un meilleur métier, une plus belle femme et une plus grande famille que toi. Pourtant, de nous deux, c'est toi le plus heureux. Comment fais-tu ? Quand pourrais-je enfin goûter au bonheur ? »

    Le patissier s'essuya les babines avec sa serviette, et déclara ceci :

    « Tu sera heureux quand tu cessera de désirer autre chose que cette tarte aux citrons. »

    Ils firent silence, et le magicien repris une part de tarte qu'il s’efforçât de savourer pleinement.

     Il avait là le pressentiment d'apprendre le seul tour de magie qui échappait à sa virtuosité : le bonheur.

     

     François Sivade

     

     


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  • Un prêtre qui officie dans une église proche d'un ruisseau commence à prier :

    « Notre Père qui êtes aux cieux... »

    Mais le coassement strident d'une grenouille l'interrompt.

    Furieux, le prêtre ouvre la fenêtre et crie :

    Tais-toi !

     
    La grenouille obéit. Il revient, s'agenouille et recommence sa prière, « Notre Père qui êtes aux cieux... »

    Cette fois, une voix intérieure l'interrompt :

    « Qui te dit que ta prière est plus agréable à Dieu que celle de la grenouille ? Pourquoi te crois-tu le préféré ? »

    Troublé, il revient à la fenêtre, l'ouvre et crie :
     
    - Coassez, chantez, caquetez, miaulez, sifflez, faites le raffut que vous voulez !
     
    Tous les animaux se mettent à faire du bruit et aussi les plantes, le ruisseau, les roches, le vent et les nuages qui glissent dans le ciel.

    Le prêtre se rend compte que tout cela prie avec lui et pour la première fois il comprend pourquoi il récite : « Notre Père » et non : « Mon Père... ».

     


    Alexandro Jodorowsky

     

     


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