• La résilience

     

    Celui qui a mis le concept de résilience au goût du jour est l‘éthologue et neuropsychiatre français, Boris Cyrulnik.

     

    Cyrulnick, connaissait bien le problème puisqu’il mettait en quelque sorte sa propre histoire en scène. Lui dont les parents ont été exterminés dans les camps de concentration allemands et qui, caché par une enseignante, a réussi non seulement à survivre, mais à devenir un médecin célèbre, pouvait en parler en toute connaissance de cause.

     

    Pour cet auteur, la résilience est la capacité d’un être de vivre, de réussir et de se développer en dépit de l’adversité.

      

    Selon lui, il n’y aurait pas de profil particulier de l’enfant résilient. Mais il existerait un profil d’enfants traumatisés qui auraient une aptitude à la résilience, c’est-à-dire « ceux qui ayant acquis une confiance primitive durant leur petite enfance et qui pourraient se dire : « on m’a aimé donc je suis prêt à rencontrer quelqu’un qui m’aidera à reprendre mon développement» .

     

    Pour que la personne blessée par la vie mette en place des mécanismes de défense psychologiques et comportementaux adaptés et bénéfiques et qu’elle trouve en elle-même les ressources nécessaires, il nous faut d’abord admettre que l’on peut se sortir de situations difficiles et même désespérées.

      

    Un traumatisme, même s’il n’est pas réversible, peut se réparer et se cicatriser, parce qu’il existe chez l’être humain des stratégies adaptatives qui l’aident à moins souffrir, à se relever et à continuer à vivre.  

     

    Les conditions de la résilience

     

    Dans le courant influencé par Cyrulnick, la capacité de résilience remonte très tôt au début de la vie. Elle serait influencée par l’histoire même de l’enfant. Tout comme l’énonçait Bowlby, celui qui a connu une réponse acceptable à ses besoins physiques, celui qui a eu la chance de recevoir un peu d’affection aurait ainsi une réserve protectrice contre le malheur où il peut puiser une certaine force de résistance à l’adversité.

    C’est probablement ce qui fait que l’être humain est très fort et peut atteindre des niveaux de courage parfois insoupçonnés. On peut ainsi voir des enfants abandonnés ou maltraités se construire en dépit de leur pauvre départ dans la vie et des adultes ayant connu des épreuves telles que la guerre, la violence ou la torture, se relever et poursuivre une vie utile, parfois faite de courage et de grandeur. On parle même de communautés résilientes après une catastrophe naturelle où les habitants manifestent une grande force de caractère pour faire face à l’adversité et se relever avec courage.

      

    La résilience chez l’enfant

     

    Mais pour Cyrulnick, particulièrement en ce qui touche l’enfant, il y aurait d’autres conditions nécessaires à cette capacité de résistance au malheur. Ainsi, selon cet auteur, ceux qui ont été aimés dans leur premier âge, non seulement possèdent-ils une réserve affective qui les rend plus forts, mais ils sauront plus tard établir des relations valables qui les aideront à se construire. Ils sauront par exemple, reconnaître d’autres personnes capables de leur tendre la main, si elles se trouvent dans leur sillage.

     Ce peut être un enseignant, un voisin, un ami, enfin quelqu’un qui d’une manière ou d’une autre deviendra pour cet enfant une ressource et l’aidera dans son développement. Et, bien qu’il ait été carencé, il pourra conserver une capacité de s’engager dans une relation affective positive. . L’important étant le contact avec une personne empathique, qui lui exprime une certaine compréhension et le reconnaît comme étant digne d’estime.

      

    D'après Cyrulnick, les ressources individuelles de la personne que ce soit un enfant ou un adulte auraient aussi leur importance. Certains mécanismes de défense, des traits «comme l'humour, l'altruisme, ainsi que la possibilité de faire du traumatisme vécu une histoire, peuvent permettre à l'enfant de se développer de façon positive. Sa capacité ludique, sa manière de se voiler la réalité et de s’en échapper par le rêve, sont aussi pour lui des passerelles d’adaptation. « La fantaisie artistique peut même devenir un outil central de résilience, car elle permet de mettre en scène la souffrance afin de l'atténuer ».

      

     La résilience chez l’adulte

     

    Le concept de résilience a été très connu à travers la situation d’enfants abandonnés, carencés, maltraités qui, en dépit de toutes prévisions, réussissaient à s’en sortir. Mais il ne faut pas oublier que les adultes aussi vivent parfois des calvaires et que là également la force intérieure et le soutien des autres alimentent leur capacité de résilience. Sa façon de réagir est un peu différente puisqu’il s’est déjà mesuré aux difficultés de la vie et qu’il s’est aguerri, mais il dispose aussi d’autres moyens.

     

    Les moyens utilisés

     

    L’adulte peut entre autres, recourir à la mise en mots de son malheur qui peut être pour lui une ressource utile.

      

    C’est  ce qui fait dire à Cyrulnick :

      

     « Je fais partie de ceux qui pensent que l’on n’est pas obligé de raconter son secret sur la place publique pour aller mieux. On peut, que l’on soit adulte ou enfant, utiliser le para-dit en écrivant, en mettant en scène… on se libère de son secret sans pour autant le dire.

      

    Les enfants résilients deviennent de grands créatifs, et transforment leur blessure en oeuvre d'art pour mettre une distance entre eux et leur traumatisme : ils sont souvent écrivains, comédiens. Certains se tournent vers les autres, et veulent s'engager socialement (oeuvres humanitaires, éducateurs de rue…), ou s'orientent vers de longues études (souvent en psychologie) : ce qu'ils veulent avant tout, c'est devenir l'auteur de leur destin. Ce sont des décideurs parce qu'ils n'ont rien décidé de leur enfance» 

      

    Chaque personne vivant de très grandes difficultés recourt à des moyens qui lui sont propres pour y faire face. Elle peut par exemple régresser dans la maladie et « grâce aux soins que cette affection entraîne, elle se construit une sorte de cocon protecteur  lui permettant de se mettre dans une position d’attente (Michel Lemay) Comme l’explique cet auteur, les symptômes forment une sorte d’abcès de fixation qui « l’autorise à déposer son trop plein d’angoisse impossible à gérer»

      

    L’agitation, l’activisme sont aussi des moyens de réagir à une situation très pénible. Le mouvement donne l’impression, à tout le moins d’être en vie, mais aussi de faire quelque chose, même si ce n’est pas très efficace, en attendant de retrouver une capacité de résolution de problème plus opérante. Nous évoquions pour l’enfant la capacité de rêve et il en est de même pour l’adulte. La fuite dans l’imaginaire, dans l’écriture ou l’art devient des bouées de sauvetage, des points d’ancrage pour ces êtres que le malheur a lancés à la dérive.

    En somme, les phénomènes adaptatifs sont nombreux et l’humain au cours de son évolution a appris à développer des stratégies diverses pour faire face à ses difficultés. Ces systèmes de survie sont des mécanismes affectifs et comportementaux qui le conduisent parfois à nier la réalité, à la relativiser, à se réfugier dans ses croyances ou à libérer ses forces créatrices. L’important étant, qu’il se sente acteur de sa propre réalité.

    Mais la résilience n’est pas seulement une capacité personnelle. Elle est plutôt le résultat d’un ensemble de facteurs complexes où la personnalité et les forces construites par le sujet, les interactions sociales et le soutien des autres jouent un grand rôle pour modifier le caractère négatif d’une d’expérience.

     

     


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