• En métaphore

     

    Prononcez lentement le mot «chocolat» et observez ce qu’il éveille en vous;

    Vous pourrez pratiquement sentir l’odeur qui vous monte aux narines après que vous avez déchiré dans un bruissement le papier d’alu entourant la tablette, sentir la réaction de vos glandes salivaires devant l’explosion du goût doux-amer dans votre bouche, la dureté du carré s’amollir en fondant avant de glisser vers votre gorge, etc.

     

    En métaphore

     

    Essayez maintenant de répéter le mot «chocolat» à haute voix, sans interruption, pendant une minute ou deux.

    Quand vous l’aurez répété plusieurs centaines de fois, vous n’entendrez plus que le son étrange que votre voix produit en disant ce mot. Où est passé le chocolat ?

    Ce n’est qu’un mot mais les mots ont le pouvoir de porter avec eux les caractéristiques des choses qu’ils désignent et ils ne cessent de le faire que si nous mettons en oeuvre des techniques visant à ne plus les entendre que comme le son qu’ils sont en réalité.

    Chocolat est un exemple amusant mais que se passe-t-il avec des mots comme «je suis nul(le)» ou «j’en peux plus» quand ils vous viennent en même temps qu'une intense émotion de dégoût de soi ou de désespoir ?

    Votre esprit peut se montrer très convaincant quand il vous dit que ces mots-là sont la vérité vraie.

    Est-ce que votre expérience vous envoie le même message simpliste ?

    Comme avec le chocolat, le pouvoir d’évocation des mots pâlit quand vous vous concentrez sur l’expérience réelle et que vous lui donnez la place de s’épanouir comme elle est réellement et non comme votre intelligence vous dit qu’elle est.

    Les sensations ne vont pas disparaître pour autant, et les mots souvent non plus, mais l’expérience sera toujours différente de ce que votre esprit vous dit qu’elle est.

    Si ce n’est pas le cas, c’est en général un indicateur assez sûr du fait que vous êtes en train de lutter contre l’expérience, que vous ne la laissez pas prendre la place qu’elle demande avant de s’en aller et de laisser la place à d’autres sensations, à d’autres émotions, à d’autres pensées.

     

    J'aime bien illustrer l'aspect potentiellement problématique de l'évitement d'expérience par un petit exercice :

    J'allume une allumette et je demande au patient de l'éteindre avec une méthode simple, rapide et intelligente. Je n'ai encore rencontré personne qui ait utilisé un autre moyen que de souffler dessus. Je propose ensuite d'imaginer une situation de début d'incendie de ma bibliothèque, avec des flammes de 50 cm de haut et j'encourage le patient a essayer de les éteindre en utilisant la même méthode simple, rapide et intelligente. Il est facile de se rendre compte qu'on ne va ainsi qu'attiser le feu.

     

    Philippe Vuille 


    Tags Tags : , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment



    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :